Et vous pratiquez-vous le consentement  ? ( magnifique et vidéo bien inattendue)

“Le serment d’Augusta”, un podcast pour mener les étudiants en médecine vers une pratique plus humaine

Grossophobie, culture du viol, santé mentale… Pour repenser la relation soignants-soignés, le neurologue Emmanuel Flamand-Roze et la réalisatrice féministe Olympe de Gê signent pour Binge Audio un podcast désormais intégré dans le cursus de médecine de la Sorbonne.

 

Et si le philosophe grec Hippocrate était né au XXIe siècle ?

Et si son serment, texte fondateur de la déontologie médicale, traditionnellement prêté par les soignants avait été écrit par Augusta Klumpke, neurologue et première femme reçue au concours de l’Internat des hôpitaux de Paris en 1886 ?

Sans doute que les discriminations, la solidarité, le consentement auraient été abordés à l’hôpital et que certaines violences auraient pu être évitées. Et si ce n’était pas trop tard ?

C’est le pari que font deux compères, aussi complices que différents : la réalisatrice de pornos féministes Olympe de Gê et le professeur et neurologue à la Pitié-Salpêtrière Emmanuel Flamand-Roze (non, ce n’est pas un pseudo !).

Ainsi signent-ils le podcast Le serment d’Augusta, coproduit par le studio Binge Audio et la faculté de médecine de la Sorbonne, dans lequel ils inventent six nouveaux préceptes, que chaque épisode développe.

Le premier, « Je penserai les corps en dehors de la norme », se confronte à la grossophobie d’une partie du corps médical : certains patients cessent souvent de consulter par peur de remarques blessantes, ce qui entraîne des retards de diagnostic. « Notre culture médicale est en retard », admet Emmanuel Flamand-Roze dans l’épisode sur le consentement, qui donne la parole à des victimes, mais aussi à des gynécologues et sages-femmes désireux de respecter la volonté et la sensibilité de leurs patientes.

“Les étudiants en médecine sont débordés, alors il fallait leur proposer un contenu divertissant, qu’ils puissent écouter en venant à la fac par exemple.”

« L’idée était de créer un objet pédagogique différent en respectant les canons du genre : le récit, l’incarnation, l’intime, le soin apporté à la réalisation… », explique David Carzon, directeur de la rédaction de Binge Audio.

À l’origine du projet, Emmanuel Flamand-Roze, toujours en quête de pédagogies alternatives, cherchait à intégrer aux enseignements la nouvelle charte de déontologie adoptée par la fac il y a trois ans. « Je n’avais jamais écouté de podcasts, confesse-t-il. C’est ma fille qui m’a conseillé de m’y mettre… Et puis, j’ai rencontré Olympe. »

C’est au côté de la réalisatrice, alors en stage d’observation dans son service pour nourrir sa réflexion sur le monde de la santé, qu’est née l’évidence : « Les étudiants en médecine sont débordés, alors il fallait leur proposer un contenu divertissant, qu’ils puissent écouter en venant à la fac par exemple », développe-t-elle.

L’université a intégré le programme en proposant une unité d’étude optionnelle.

Pour l’évaluation, exit les QCM, les carabins doivent commenter les épisodes, « tout simplement ».

Pour Binge, un tel partenariat est une première : « On entre dans le cursus des étudiants, on pousse les murs en imaginant d’autres modes de distribution », s’enthousiasme David Carzon.

Le 3 novembre, deux cent quatre-vingts étudiants ont écouté, ensemble en amphi, le deuxième épisode, intitulé « Je cultiverai une solidarité bienveillante et inclusive », dans lequel des soignants et étudiants évoquent la crise du Covid, mais aussi la « culture carabine » qui, sous couvert de paillardise, entraîne des comportements discriminatoires. Après de chaleureux applaudissements, un temps d’échange : les questions fusent pendant plus d’une heure. C’est vif, on sent que les futurs médecins ont soif d’une pratique plus humaine. Objet pédagogique, donc, Le serment d’Augusta peut être aussi écouté par tous, même sans blouse blanche. C’est d’ailleurs nécessaire. En comprenant comment doit se dérouler une consultation ou le fonctionnement de l’hôpital, les patients quittent leur position d’infériorité et repensent la relation qu’ils entretiennent avec leurs soignants sur des bases plus égalitaires.

Le serment d’Augusta sur sorbonne-universite.fr. Réalisation : Elisa Grenet. 6 × 45 mn environ.

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